vendredi 2 décembre 2016

Les îles Achille

Je me souviens des îles Achille, auxquelles nous accédâmes par ce long pont dressé sur les marées océanes, en janvier 2006, alors que la voiture ainsi servant d'aquarium inversé, nous laissait contempler le spectacle déjà nocturne où s'invitaient les larmes des giboulées irlandaises.
Je m'étais empressé d'échapper à l'emprise de la psychopathe qui m'avait mené jusqu'ici, juste afin de profiter de cet ici ; posé près du volant sur la droite de l'habitacle, en changeant parfois les vitesses à force d'ouvrir les vitres, une envie de manger bien m'avait guidé vers un restaurant chinois. J'en étais le seul client. Les restaurants chinois sont l'invariabilité, le marqueur indissoluble en notre univers mondialisé, le doigt posé sur notre destin, qu'il soit dans le treizième arrondissement d'un Paris volatile, ou perdu dans les décombres d'une des îles Achille, au-dessus du Connemara. Je pris le temps d'y déguster les plats les plus communs. Juste à côté, il y avait un pub. En Irlande, il y a toujours un pub.
Je m'y suis posé comme un coquillage en son rocher : nous n'étions que trois. Nous fîmes assez rapidement connaissance, alors que le barman ne comptant que sur les clients ne comptait pas, restaient moi nouvel arrivant, l'ivrogne de service insupportable, et le docteur — certainement de service — à la façon d'un roman de Michel Déon.
Je bus peu mais suffisamment, m'imprégnant à l'encre de la stout et captif aux tip-tap-tapping des paroles du médecin, de l'univers de Samuel Beckett.
Reprenant la voiture, on me fit de grands appels de phare ; ah oui, malgré la conduite à droite, en cette route a priori déserte, on n'avait pas repris la voie de gauche.
Ce fut ma dernière soirée en Irlande, avant la nuit suivante à Shannon airport.

samedi 24 avril 2010

Brest



À mon ex-femme,


Au bout du monde, c’est le bout de toute ligne, de toute droite que l’on croit infinie, mais qui pourtant, converge vers ses sœurs de destin afin de s’évanouir l’une dans l’autre, pareilles à celles de la main, amour, vie et chance, illusions d’eaux cryptiques au saint des seins des rades et des estuaires, dérades rimbaldiennes sur lesquelles Brest a posé les suaires.
Et sur le bout des lignes s’enfonçant comme des aiguilles dans la peau du monde qui leur est ouvert, dans la mer, les artères accompagnent les vibrations ultimes des caténaires, comme s’il fallait buter sur quelque chose de dur avant d’entrer dans quelque chose de mou, comme si un accouplement était en jeu, comme si fiancée à sa mer nourricière, la ville cédait le germe dont elle est issue.
Les caténaires sont autant de fils qui manipulent les âmes des voyageurs, pantins essoufflés de "ciao" itératifs, marcheurs lunaires sur le sol terrestre du mot fin, ou sur le macadam de bas pays à court d'haleine. Les ponts s'enjambent entre eux, s'emmêlent parfois, les directions se confondent en excuses, car un point, un seul, le spotlight qui rosit les nues de l'impudeur fluante propre à ces lieux, l'astre crématoire, unit l'occident dans son effondrement.
Alors, le long de ces fils ténus dont elle est infante, Brest glisse et sa population aussi. Glisse dans un sens et dans l’autre, file sur les câbles pour s’échapper, pour s’enfoncer ; le sens n’est pas unique, mais la direction l’est. Est-ouest. Les vélocipèdes, les voitures, les piétons véloces le long des devantures, ils glissent sur un toboggan solaire, celui-là même qui mène aux confins, là où les terres s’achèvent. Dans ce va-et-vient perpétuel, monocylindrique, moteur de la circulation citadine résumée à sa plus simple expression, les rêves d’ailleurs s’ankylosent en attente d’un embarquement. La misère frôle les docks. Elle s’accumule parfois comme un mauvais sang, toujours au bout des membres. Il est un moment où l’on perçoit la vie dans le corps urbain, et cette essence ne s’identifie qu’à ses faiblesses, ses maladies, et la peur de sa mort.
Les terrains vagues le sont toujours à l’âme d’un endroit.
Ce sont des terrains vagues où la civilisation s’affranchit de la mer, où les grues gravitent à l’entour des containers, avant que les tours ne contiennent à leur tour, les rescapés grabataires des rêves de marine échoués. Dans ce jeu d’hommes où les dames sont mâtes, où les pistes, en somme, s’ensommeillent à mesure anglaise des colonies lointaines, les cases nègres et blanches, les bulles sans couleurs et si peu raffinées d’un brut que nul n’ait cru, s’amalgament pour former le seuil des cités du ponant, tremplin vers le vide océan.
Soudain, s'effarent les prieurs fantomatiques des routes égarées dans les dédales des blocs posés là par le hasard des intuitions modernes. Quelque perturbation, au pays des pluies incessantes (ou presque) ravive, d'un éclat superflu, le jour décroissant dans l'imperturbable cheminement du soleil marin. Le froid s'empare du bitume, sans que le gel n'y puisse prendre prise, un froid tempéré par le sel, un froid semblable aux yeux électriques des engins perdus ici, portant son regard pénétrant jusqu'à l'âme des croiseurs renfloués au détour du port de commerce, dans ses bars, piétons au royaume de l'errance.
Les traces blanches d'un soleil énucléé raturent les marques de l'homme  et, ponantes, pareilles à de curieuses bêtes sauvages au long cou, les grues industrieuses peuplent de façon disséminée, la savane disparate d'un presque no man's land, chevelure clairsemée du front de mer.
Les gemmélités sont toujours surprenantes ! Les produits des accouchements industriels, lorsqu’ils vont par paires, que ces clones se dressent vers les ciels rosis d'un froid couchant, accompagnent l’éclat précoce de la lune que reflètent les gigantesques flaques des villes moites, délivrance ultime, chorion et liquide placentaire en témoignage. Alors, les rejetons de la ville, en prière génufléchie vers l’astre de la nuit, se moquent des arabesques colorées de la modernité humaine.
Les monuments guerriers – souvenirs de destructions successives – y sont pareils, ô phallique érection, ophtalmique illusion, rhopalique insertion qui mine arrêt sur image et mime à raison leur age, à des minarets dans ces cités au passés aveugles que l’on gratifie d’un gage, d’une offrande concédée à ces roches aux veines sacrificielles.
Les aberrantes architectures s’enchevêtrent sans souci d’un ordre annoncé ; seul l’usage est leur maître et l’utilité leur maîtresse. Les ports font commerce de leurs corps, et des chantiers nouveaux, n’avalent de l’humanité que la perpétuelle envie de conquête des ressources naturelles : minerais sont gardés, défoliants affolés et céréales si réelles en silos, tandis que les terres salines sont grignotées par la machinerie industrielle, comme un pain blanc laissé en gage par la marée basse.
Sur ce quarante-huitième parallèle, la ligne continue que l'on ne peut affranchir. Comme un lac en d'autres latitudes, le bonbon du ciel est sucé par le regard. L'après-midi s'entame à peine, que les yeux des lampadaires, comme autant de petits poids lumineux dans la balance des couleurs, s'écossent en Finistère.
En ces lieux où pleuvent des cordes de violon, ou chiens et chats, c'est selon, ce ne sont pas des gémissements de souffrance que nous entendons, mais des miaulements affamés, les plaintes jappantes d'âmes qui lapent, hantent la pente des rues-précipices que ces fantômes dévalent sans retour : Siam, Jaurès, empires en moins laids, personnages punis par l'histoire, la colonne vertébrale du quarante-huitième méridien semble se parcourir d'une main massante par la foule passante.
Ce n'est pas l'axe du mal, ce n'est pas le siphon des éviers d'un monde trop plein, quoique : l'enfilade en déclivité des façades torves propose invariablement les mêmes glissades. Il n'y est point de gel ni quelque autre lubrifiant ; sur le sillon matriciel de la cité du ponant, brille, ô luisance nubile, l'humeur inconstante que les caprices du ciel déversent, sans que plus jamais ces terres ne l'absorbent. Alors, pareilles à des tours-lanternes, phares incohérents dans leur disposition aléatoire, les lumières de cette ville épousent leurs reflets, et sa population-suppositoire poussant suppositions à l'abattoir.
Les rougeurs crépusculaires rendent échos aux feux sur les joues du bitume. Matins et soirs, en un sens ou dans l'autre (qui n'en sont, pour autant, que dépourvus), entre eaux et lumières, s'accomplit le mariage oublié de notre modernisme dénué de mémoire : celui du robinet et de la lumière froide.
Qu'eut-il fallu de moins à Brest, pour qu'elle oubliât de lécher ses mucilagineuses tranchées sous l'éclairage d'un soleil grimaçant ? Elle possédait eaux et lumières bien avant l'eau courante qui, là-bas, dévale, bien avant les guerres, bien avant les paix, les reconstructions...
Car l'immensité des tours, des logements fonctionnels, aussi taudis, a spolié le privilège de l'union des éléments, eau, feu, sur la terre battue par le vent, laissant aux impressions passagères que l'on ressent en flânant sur les toboggans d'asphalte des percées peaux lisses d'ici, l'écume des temps anciens où l'horizon s'ouvrait sans limites. Si, derrière chacun des carreaux, facettes des yeux de la ville (images élémentaires pour chaque existence alimentaire, imperceptrices des forces telluriques qui sourdent au plus profond de ces endroits), si derrière, un portrait banal se forme, c'est parce que les tuyauteries et les câbles conduisent leurs flux, influx nerveux d'insectes bourdonnant.
De fait, les glaces, miroirs sans tain, sont d'autres fois miroirs de leurs présents, se reproposant à elles-mêmes l'image recroquevillée du temps qu'elles figent au creux de leurs septes, mûrissant le fruit que les nues de l'océan fécondèrent à l'apex des monuments. Aussi, lorsque les passions s'ensommeillent dans les moiteurs parfois moisies des intérieurs d'ici, des mots s'accouchent seuls sur des voies racornies, qui, sur les zincs salis par l'aigreur des taches de boissons, fortes, anisées, maltées, cacaotées, qui, sur les recoins des tables trop petites aux nappes repliées, trop petites pour contenir toutes ces visions que l'œil attrape à la volée.
Nous sommes tous des enfants en inconscience de nos êtres, plus ou moins marquée ; certains climats, latitudes et longitudes, fourbissent en nous d'imprévisibles armes qu'il faut se garder de tourner contre soi. Taillés aux scalpels des vents, burinés à l'étrave du monde, les visages semblent n'apparaître qu'en profils, et racontent à leur façon, à l'instar des lames de fond, l'essentiel de nous, ce qui se partage universellement.
Regarder par-delà le reflet de tout corps, n'est-ce point deviner l'âme ? Et quand, dans des vitres au point mort, s'escarcelle, fugace, une silhouette ou un drame, l'histoire se bâtit un peu plus, laissant toutefois aux spectateurs le choix du mot fin.
S'il fallait que cesse un temps de chien collé à nos basques lorsque l'on erre dans la ville, que n'en restent que traces d'enquêtes dans des rues sans boulangers, d'énigmatiques reflets, semblables à des profils encapuchonnés de détectives auxquels ne manquent que la pipe, de cadavres disparus auxquels ne survivent que les pointillés légistes de leur chute, s'il fallait s'imaginer autrement Brest, que comme coupable d'elle-même, l'œil brillant de ses fautes dont on ne connait plus la nature, s'il fallait que la vérité nous soit apparente au premier instant, nous n'aurions pas creusé les sillons des rues en y trainant nos semelles, nos facettes photosensibles de mouches noyées dans ce vin aigre, ni l'innocuité de nos phrases invasives.
S'il avait fallu qu'à défaut de soleil, nous vissions briller les villes du quarante-huitième parallèle par la simple magie du tungstène, que nous essorions (ainsi que chacun de ses indigènes) le pardessus d'un vernis qui finit par coller à la peau, quel miracle fatimesque en terre pélagienne, nous aurait conduit à reconsidérer le monde par l'unique chaleur des rutilances nocturnes ?
Sur Brest, les rues s'entortillent sans raison autour d'une raison de vivre, et de l'échéance, parfois cruelle, des réseaux de lierre qui ne survivent jamais à l'écorce qui les supporte. Nul tremblement n'affecte la flaque ! L'œil n'est dans nul tombeau si ce n'est celui qu'est lui-même... Il n'y a pas de meurtre, rue de Glasgow, en plein Brest : Brest est un meurtre à elle seule.
Vous connaissez Brest ?
Peut-être...
Vous avez vécu à Brest ?
Ah oui ! Toi, il semblerait que tu aies vécu à Brest. Ce bagnard aussi puisque le voilà tout droit sorti de la prison de Pontaniou, au Carpont, tout près de la rue de Saint Malo, et qui expose ses oeuvres picturales, tracées par Paul Bloas comme d'autres écrivent d'un doigt de sang "Omar m'a tuer"... "Omar m'a tuer", vous l'avez résolu, vous, l'énigme de cette faute d'accord ? A vos pupitres ceux qui étaient trop jeunes pour cette affaire !
Car Brest relève de la même énigme.
Il y a toujours des crimes parfaits. Brest est un crime parfait : Elle rivalise statistiquement avec Glasgow et son autre trainspotting quant au suicide des jeunes de 16 à 25 ans; un coup c'est l'une, un coup c'est l'autre qui emporte le leadership européen. Triste constat !
Je vous rassure : Pour ceux qui l'ont loupé à cet âge-là, il reste toute la vie !
Il existe un pont à Brest où l'on voit tomber les corps comme la pluie. Et Dieu sait s'il pleut à Brest ! Il s'appelle le pont Albert Schuman. C'est beau l'Europe !
J'ai connu quelqu'un qui travaillait chez un toubib dont le cabinet se trouvait en dessous de ce pont, dans un pavillon avec un jardin. Car le pont Albert Schuman n'enjambe aucune rivière... C'est un vrai pont pour suicidaire, une artère que nombreux se tranchent d'un simple saut, coupant ses quatre voies en pensant y trouver leur voix.
Dans le jardin de ce pavillon, il était commun de découvrir quelque cadavre semé là comme un oeuf de Pacques. Les cloches sont communes à Brest !
C'est le trou du cul du monde, son pot de chambre. Toute la misère rêveuse s'y amasse, pour constater qu'arrivé au bout de la planche, il n'y a plus qu'à sauter. Sauter du pont Schuman...
Les autorités ont fini par l'envelopper d'inénarrables grilles de protections... Fantastique aveu !
J'entends encore le gargouillis de petits cons ici, de garçons qui se croient des génies, qui font de leur écorchure à vif des arguments de séduction pour des filles toujours plus jolies. Que connaissent-ils à la vie ?
Ils ne connaissent même pas Brest !
Ils se disent poètes dans ce gargouillis !
Oh ! manier les mots : Dieu que c'est beau !
Mais vivre, c'est bien plus plein !
Et vivre ne se mesure vraiment que face à la mort.
La mort de tout ! La mort du corps de l'esprit et de l'âme ! La mort du soleil dans l'océan qui l'égorge tous les jours au couchant dans la cité du ponant !
Brest saigne incontinente de ces heures antédiluviennes qui l'astreignent à être la fin du monde des vivants.
Ils me font rire les poètes pédants !
Lisez Mac Orlan !
Lisez Max Jacob et Prévert et Saint-Pol-Roux !
Ecoutez Miossec et tous mes chants.
Et que celui qui m'insulte ose !
Qu'il vienne à Brest tenter ses vers, proposer ses proses !
Qu'il souffre un peu comme le cormoran, comme quelque oiseau au ramage moins rutilant, mais au langage simple, au verbe tranchant, à ces raisons de vies qui font de nous des êtres parfois transcendants, des êtres pétris dans la vase, dans le vase d'une cité qui s'épand.
Brest est unique !
On s'éprend d'elle comme d'une femme que l'on attire et que l'on rejette.
Brest est amazone et guerrière...
Elle est une porte vers d'autres univers.
Brest m'emmena en Afrique.
Brest m'a donné la fille que je chéris.
Brest m'a donné des rêves infinis,
Des boucles noires et des envies,
Des yeux d'azur dans un ciel gris,
Et de rousseur,
                      Les taches de ma vie...
Mais Brest fut un pari,
Un Paris-Brest un peu pourri,
Et même un ticket d'Australie,
Mais qui donc sait ce qu'est ma vie ?
Même elle ne le sait pas !
Elle ne comprend rien à rien...
Elle ne m'entend plus. La petite fée s'est faite humain, et moi je retourne à la rue...
C'est peut-être bien... La rue me va si bien !
Je ressemble un peu au Duke ! A Corto ! Logique ! Je suis gentilhomme de fortune ! De cœur aussi !
J'ai à mon doigt droit la bague frappée aux armes d'une gente famille que j'honore. Tout ça remonte aux croisades. Comme les ancêtres de Kersauzon dont les gisants gisent encore tout près de Saint Renan, dans cette clairière merveilleuse où Rimbaud aurait pu imaginer le dormeur du val.
La vie est ainsi faite de curieux paramètres.
De grands oiseaux des mers blessés qu'on se plait à regarder, rentrant de tours du monde triomphants, leurs ailes dressées comme tout grand oiseau du vent; et des restos sur le port adressés à ces curieuses faunes qui s'en vont picorer les restes du repas de ces grands albatros, comme d'un coureur épuisé dont à ronger ne reste que l'os.
Nul ne sait de Brest, qui ne l'a pratiquée, et surtout pas ces pseudo-jeunes poètes pédants, qui se croient de l'âme et des mots, éthérés, ce que Brest recèle en ses flancs !
L'émotion se distille comme l'absinthe, à la racine des mots, lentement, lentement, lentement.
Ensuite, elle se dilue, aux pas laissant quelques pieds, au verbe sa curieuse conjugaison.
L'acidité des larmes s'assèche un jour, fixant à coup sûr les traces de leur invasive corrosion, mais l'encre de la plume coule pour toute dilution, pour toute ablution, pour toute amnistie. Las ide à tourner en rond dans son aquarium, était notre martienne averse, puisque parfois tout coule, rimes et rimmel, sous l'incessante bruine des hivers brestois, toits pour toi, ardoises à régler, et pentes douces de Jean Jau à Siam. Que d'années s'entremêlent sur ses artères bouchées, double, triple pontage, couronne à rien de l'Heurteloire à Recouvrance au pont Schuman, cliniques amorties dans nos mémoires mortes, curieux patios sous un ciel sourd d'où sourdent les nuées irrévérencieuses venues de l'océan, bulles d'amour, parfois, voletant au gré des souffles d'ouest... Plop !
Vient un temps où l'on cesse de se mirer dans les reflets de nos eaux savonneuses.
Car je sais aussi faire des phrases longues, des choses moins syncopées, moins "beat generation", des successions de mots qui s'enchaînent à coups de subordonnées, ne nous permettant de relativiser les effets qu'à force de lectures et de relectures, assidues, attentives, bercés que nous pouvons l'être parfois du flot des mots qui nous abandonne à des rivages curieux, des envols majestueux de l'âme au pays des rêves, des syncrétismes heureux des visions de l'auteur et des fantaisies de celui qui le lit, couché, le nez en l'air, dans l'horizon des lignes et les soleils du coeur, ses sommeils, en attendant d'autres réveils, quelque espoir que nous nourrissons tous, là-bas, entre Cybérie et contrées de Cocagne.
De Kerouac à Proust, dussè-je en vénérer la plume comme celle d'un oiseau rare qui, d'enfers en paradis, nous offre les promenades du temps perdu, les madeleines éplorées, les affres sibyllines des occasions manquées pour autant de clefs aux portes de nos chances à venir, des écritures en rupture, cinglantes, aux vertigineuses vagues déferlantes des phrasés ininterrompus, j'ai suivi, pareille à ces lignes de la main qui promettent l'éternité aux plus crédules, l'étrange, complexe et fascinante littéraire filiation ; telle est ma passion !
Je lui ai cédé beaucoup de biens matériels, énormément de platitudes morales, de vanités existentielles et de vacuités vénales, à la recherche du "beau", sous toutes ses formes, de celle des couchants du ponant sur nos plages jalousées à l'intime tiédeur des chaos granitiques tout de mousse imprégnés, en Kreiz Breiz, en territoire faé, de la fragrance des bruyères sur la côte, lorsqu'elles craquent des chaleurs des mois doux, à l'ampleur dégénérative des cités finistériennes, Brest en avant, de son Carpont à la rue Chapdelaine, tout près du cimetière étranger, passant, chemin faisant, par les sombres beautés des ses femmes, par les clartés quasi-solaires de leur regard, les explosions fugaces des sourires.
Ainsi en est-il allé du tien, lecteur, lectrice, vraisemblablement, pour d'imprédictibles conséquences, d'autres écrits aussi, de possibles retours à Brest pour de jolis échanges, les soirs d'été, lorsque la place Guérin ressemble à ces forums de Provence, boulistes, ivres et heureux, aux seuls chants des hirondelles dans ces endroits qui s'enferment de n'avoir, qu'au ciel ouvert, la perspective bouchée sur l'arsenal qui s'endort, des terrasses où l'on laisse le temps s'écouler sans objectif, loin de la rue du Carpont, loin des impénitentes priorités de la vie, loin des hivers bruineux, ruineux, que nous affectons de ne pas connaître.
Ecrire vite, vivre vite, aller sans ambages décrocher des lunes que nous pensons accessibles, foncer, s'enfoncer, ternir un peu toutes ces couleurs auxquelles nous omettons notre attention, ou, au contraire, sans foncer, se laisser libre de nos choix, de nos orientations, des aiguillages que ne peuvent prendre les trains fous, voilà le beau dilemme, sans oublier, jamais, que les plus rapides véhicules sont aussi ceux qui ont les meilleurs freins !
Je vendrais bien un peu de temps contre quelques rires au coin d'un zinc, puisque parfois ça fait planer, ou à défaut, quelques sourires entendus, la gaité des printemps revenus, et l'air du temps en fond sonore.

jeudi 1 avril 2010

La ville à l'envers

Ce n'est pas d'un premier avril à Anvers, mais de la première ville à l'envers dont je vais vous narrer l'étrange destinée. Immédiatement, vous devez penser à des bâtisses dans lesquelles on rentre par les lucarnes du toit sur lequel elles reposent au sol, à des immeubles où les ascenseurs montent au lieu de descendre, à ce sens-dessus-dessous disséminant son indécent diallèle à nos dissymétries imaginaires. Une ville à l'envers ! Un antipode transposé sous nos pieds, où tout le monde parle en verlan...
Non.
Je vais vous parler de Châteaulin.
Il est vrai que c'est une cité où beaucoup de gens marchent sur la tête, ces derniers temps... Je n'y vis plus, mais tout près depuis cinq ans, nonobstant m'y être acheté une jolie propriété que les affres du divorce m'imposèrent de revendre. Ma petite famille y avait tout de même grandit cinq autres années durant, après qu'elle eut commencé non loin, trois ans encore avant. Cela m'en fait donc treize – depuis la naissance de ma fille aînée – à fréquenter Châteaulin, dont je ne pus m'empêcher de fouiner dans l'histoire.
Châteaulin est née sur les berges d'une rivière s'évasant en estuaire vers le grand ouest : l'Aulne. Enfant de Pont-Croix, j'en entendais souvent parler pour ses fameux saumons qui la remontaient comme le Shannon en Irlande, pour son école de frères – punition ultime en forme de pensionnat, pour les bons élèves finistériens, et probablement non soustraite aux cas de pédophilie – la dominant, et pour le camp semi-disciplinaire où – seconde punition – on risquait de subir son service militaire plutôt que d'aller se dorer la pilule à bord d'un bateau brestois en destination des mers chaudes.
Châteaulin est née sur le premier gué franchissable de l'Aulne, il y a très longtemps, du temps où les moines irlandais disciples de saint Patrick, venaient évangéliser l'Armorique à laquelle les envahisseurs bretons venus de l'île de Bretagne sous les ordres de l'empire romain, donneraient plus tard le nom. Le premier gué sur la rivière qui sépare ce que sont aujourd'hui le Finistère-nord du Finistère-sud : un atout considérable pour le commerce et la stratégie militaire ! Et c'est ainsi qu'elle crût !
Elle tient probablement son nom d'un grand bonhomme : Alain IV Fergent, dernier duc de Bretagne de la maison de Quimper, un sacré bonhomme ! Son surnom – Fergent – n'a jamais encore été élucidé, néanmoins, on sait de lui qu'il vainquit Guillaume dit le conquérant (excusez du peu) au siège de Dinan, protégeant ainsi la Bretagne de la convoitise de l'ogre anglo-normand naissant. Ensuite, il s'est un peu absenté, histoire de prendre Jérusalem aux côtés de Godefroy de Bouillon en 1099... Et probablement de mettre son grain de sel dans la création de l'ordre des templiers... On suppute aussi chez lui l'hérésie dans ses derniers temps, une curieuse chronique, un de ces hommes mystérieux qui font de notre histoire de Bretagne et de France, un roman d'une actualité sans cesse renouvelée.
En langue bretonne, « château » se dit « kastell », et « Châteaulin », « Kastelin », sûrement la contraction de « Kastel-Alin ». De fait, on lui attribue l'érection du château, sur la butte, le très haut rocher qui domine le gué sur l'Aulne... Personnellement, je pense qu'il remonte plutôt au Xième siècle – comme la plupart des châteaux-forts bâtis au dessus des rivières – et aux invasions vikings que de telles forteresses permettaient de prévenir, tandis que ces derniers remontaient les estuaires pour piller les terres riches de l'intérieur.
Mais ce fut sa personnalité, et le fait qu'il en fit son repaire, et le lieu de dominance de sa duchesse mythique, qui fit force de toponymie. Le château fut brûlé par les anglais sous l'avance de Duguesclin, durant la guerre de cent ans, puis totalement rasé à la révolution. Il n'en reste aujourd'hui qu'une tour millénaire. Mais ceci confère encore aujourd'hui un particularisme rare à la ville, qu'on ne rencontre que dans celles édifiées autour d'une butte féodale – seule Edimbourg me vient à l'esprit – à savoir, une ville au cœur de laquelle se trouve de la verdure, un bois en l'occurrence, sur les pentes des anciennes murailles. C'est un premier sentiment d'inversion.
Mais de tout temps, Châteaulin a perturbé mon sens de l'orientation.
Venant du nord, c'est par là que l'on franchit la rivière pour aller dans le sud du Finistère (et inversement). Pourtant, venant du nord, on franchit la rivière en voyant se coucher le soleil à notre gauche ! Venant du nord, la gauche, c'est l'est ! La droite, l'ouest ! En face, le sud !
Mais non ! Venant du nord et franchissant l'actuel canal à l'endroit de l'ancien gué, la rivière semble couler vers l'est... C'est ainsi que l'on perd ses repères dans la ville à l'envers.
Le rocher de l'ancien château et son magnifique belvédère, se trouvent du côté du Finistère-sud, et pourtant, là, c'est sur votre droite que se couche le soleil, ce qui devrait pourtant être l'est si vous regardiez le nord. Mystère !
Châteaulin est une ville à l'envers.
La raison en est simple : à son endroit, l'Aulne forme un S, « la boucle de l'Aulne », et le gué, le château et sa ville, sont nichés au creux de ce S, et le monde est à l'envers ! La rive sud se retrouve au nord de la rive nord, la rive nord au sud de la rive sud, et au milieu coule une rivière vers l'est qui s'en va pourtant vers l'ouest dominant.
Quoi de surprenant à vivre à l'envers dans une ville à l'envers ?





mardi 6 octobre 2009

Et au milieu coule une rivière...




J'aurai habité pendant cinq trop longues années à Pont-de-Buis, à l'orée d'une part de la presqu'île de Crozon, d'autre part des monts d'Arrée. Pont-de-Buis est une ville morne, dénuée d'histoire ancienne, ce qui est peu fréquent en Finistère. Elle ne doit son existence fantomatique et son peuplement de bâtisses aussi tristes que des corons du nord, sans le moindre intérêt architectural, qu'à son récent passé ouvrier. Sinistrée par une réorientation des préoccupations industrielles vers les pays de l'Europe élargie, Pont-de-Buis double donc sa morosité naturelle d'une apathique tendance à la désocialisation, voire à la clochardisation... Quelle aubaine pour y devenir poète !
Toutefois, cette ville-furoncle est sise sur le joli fessier de collines escarpées, contreforts des sommets de notre massif armoricain, peu hauts soit, mais du plissement hercynien, le plus ancien du monde, ainsi que dans le Connemara ou les Highlands. Une rivière la partage donc en son milieu, sur laquelle s'installa dans  l'après-guerre, la société nationale des poudres et explosifs. Ici, on dit "la poudrerie", et on lui doit les plus faibles loyers et tarifs immobiliers de tout le département, de sa banale explosion dans les années '70.
Durant cinq ans, j'y aurai donc accueilli mes deux enfants dans le demi-temps de leurs congés scolaires. Que faire faire à deux enfants en un tel endroit ? Bien sûr, la mer n'est pas très loin, le beau village historique de Locronan, non plus, et lorsqu'il ne pleut pas, nous pouvons toujours agrémenter de kilomètres onéreux en carburant, le pain quotidien de nos vacances.
Mais un autre fait s'avère : mon fils est depuis son plus jeune age, quatre ans je crois, un authentique féru de pêche à la ligne ! L'ai-je influencé ? Sans nul doute !
Curieusement, longtemps auparavant, lorsque leur future mère et moi étions de jeunes amants et que je ne m'étais pas encore dégradé au point de me perdre totalement, nous nous étions arrêté toute un après-midi sur les berges de la Doufine, car tel est le joli nom doux et fin de cette rivière qui tranche Pont-de-Buis comme une raie, descendant du grand lac de Brennilis et enjambée d'un viaduc classé monument historique.
A l'époque, j'étais encore pêcheur, et beaucoup plus précisément, pêcheur à la mouche. Pour ce qui n'ont pas vu le merveilleux film réalisé par Robert Redford, "Et au milieu coule une rivière", lui-même tiré du splendide roman autobiographique de Norman McLean ("La rivière du sixième jour"), quelques précisions sont à apporter : être pêcheur à la mouche, ce n'est pas être un pêcheur comme les autres...
Il s'agit d'un sport, d'une science, d'une apothéose dans l'art de la pêche. On ne devient pêcheur à la mouche qu'après avoir testé toutes les autres formes de pêche à la ligne, et après avoir su accepter de savoir rentrer bredouille sans que cela ne gâche pour autant le plaisir que fut une partie de pêche à l'anglaise. Cet autre surnom elle le doit à Sir Izaac Walton, un curieux écrivain et érudit illuminé du 17ème siècle, qui prêchait la dimension philosophique de cette pratique en ce qu'elle nous enseignait de notre appartenance à la nature.
J'arpentais donc à l'époque les routes de ma région, à la recherche de rivières propice à l'expression de ce petit talent, à savoir des belles ondes larges et peu profondes, telles que la magie des images de Redford nous en propose une version américaine.
Le hasard de la vie fit que, bien plus tard, je me retrouvai habiter à Pont-de-Buis, non loin de cette Doufine que j'y avais découverte. C'est un très bel endroit : s'éloignant de la ville, en amont, il est un petit pont. De là, un chemin longe le serpent d'eau, jusqu'à une vaste prairie, toute entourée de hauts bois, amphithéâtre naturel où s'entendent les musiques d'oiseaux divers. C'est là que je pris l'habitude d'emmener mes enfants. Ma fille s'y pose tranquillement dans les hautes herbes tandis que j'apprends le maniement d'une canne à pêche à son frère cadet. C'est un long apprentissage. Nous y avons trouvé un beau recoin, un tout petit peu plus calme et plus profond, où foisonnent les vairons, ces si jolis poissons grands comme des doigts de la main et dont on fait friture le soir...
On n'apprend pas à pêcher en attrapant des brochets ! Quoique... Un jour, mon fiston vit au travers de l'onde, un monstre aquatique happer son appât ! Tant bien que mal, il le sortit de l'eau, mais le saumon plus long que mon avant-bras rompit la fragile ligne à vairon, et vif comme l'éclair, rejoignit par rebond sur les herbes de la berge son milieu naturel. Je réussis à atténuer la tristesse de mon garçon en le convainquant qu'il avait bel et bien attrapé son géant, et que seule la destinée nous avait intimé qu'il devait poursuivre son chemin au lieu de finir dans un plat. Je crois que c'est cela l'apprentissage selon Mr Walton, un rapport à la philosophie de la vie par la nature et ce qu'elle nous en laisse...
Et puis il est tant de belles choses en cet endroit : un couple de hérons cendrés le survole fréquemment dans leurs amours. Un jour, une colonie de loutres vint nous rendre visite. Ma fille se laissa même approcher par l'une d'entre elles qui vint lui renifler les doigts comme un chat. Quant à mon fils, je lui expliquai là encore, que la partie de pêche était foutue, les loutres étant naturellement bien plus douées que nous à ce petit jeu-là !
Mais en règle générale, il y apprend la magie de lever un poisson, et même de nombreux !
Pour les petits citadins qu'ils sont devenus, pour ce que je pouvais leur apporter en terme de parentalité éloignée, cet endroit et les activités que l'on put y pratiquer, on su à mon sens nourrir la réciprocité de nos rapports.
Reste une question qui m'est inlassablement posée : "dis papa ! Quand c'est qu'tu m'apprends à pêcher à la mouche ?"

samedi 5 septembre 2009

Finistère

Ah ! Qu'il sera bon de respirer l'air doux, l'air finistérien de cette prime nuit d'été.
Peut-être sera-ce mon dernier ici ? Non, ce sera mon dernier été ici !
Voici donc le dernier volet d'une étrange demi-décade estivale. Ces dernières années furent consacrées à de multiples turpitudes synonymes d’espoirs bousculés, et à mes retrouvailles avec l'écriture, aussi, et cette année,vais-je consacrer l'ultime à Toi, mon amante fidèle, multiface et polymorphe : Terre de toutes les faims, Terre de toutes les fins.
Je sens le goût si particulier de cette atmosphère se mêler à celui, âcre, de la fumée des blondes américaines, ou anglaises, enfin des blondes quoi... Il me rappelle ces nocturnes tabagies sur le balcon-toit en zinc qui donnait, depuis ma chambre de la maison Alavoine, au dessus de la rivière dont je distinguais, par les reflets de la lune, l'état de la marée, le gonflement de ses eaux par la force marine, ou au contraire les senteurs vaseuses de l'estran.
Il me rappelle les nuits campeuses des moulins verts, en aval, près des marais et de la digue, nos feux dans le verger, les tentes canadiennes, puis plus tard ces noces barbares et païennes, quand toi et moi nous sentions les maîtres du bout du monde. Comme à Gwendrez, la plage blanche où, la nuit, le vent semblait obéir à nos avertissements. Morgane et Merlin... Comme il est beau de rêver lorsque l'on a entre seize et vingt-deux ans, des folies plein notre cervelet qui nous font perdre l'équilibre sur le sable blanc, le sable de Gwendrez.
Ces choses que l'on perd sont les cercueils de nos jeunesses.
Pour ma part j'en garde les saveurs, tout en ayant le sentiment de sortir d'un grand rêve s'étant achevé en cauchemar. Ce sont toujours les cauchemars qui nous réveillent !
« L'épée dans les reins du dragon ! L'épée dans la Terre ! Plus de roi, plus de Terre »... « Plus de série pour le nombre un, la nécessité unique, le trépas père de l'angoisse » : Telle est la dernière leçon druidique parvenue jusqu'à nos jours.
Puis, improbable : L'éveil.
Je me suis donc rendu à Quimper, puis j'ai choisi d'aller un peu traîner mes guêtres au centre-ville. J'aime de la Venise de l'Ouest ses quais fleuris, ses petits ponts enjambant le Steir et l'Odet, ses ruelles médiévales aux assombrissant encorbellements, ses jolies jeunes femmes qui, quoique froides sont jolies. J'étais dans la vraie vie, celle du regard porté sur le vrai monde qu'on ne cherche pas à réinventer.
Quimper la belle, Quimper la hautaine, Quimper la bourgeoise notable endimanchée...
Quimper, courtisane antagoniste à Brest, femme d'un petit monde fait de petits meurtres entre amis de la bonne société, tandis que la fille facile de l'arsenal s'offre aux soirées arrosées de ses marins d'escale.
Le Finistère est ainsi mû par ces deux pôles, par ce Yin et ce Yang, cet ordre et ce chaos complémentaires qu'une voie express relie, véritable aorte d'un département abstrus que créa le comité de salut public.
Oh... Révolutions impotentes toutes en potences...
Et dans cette France en entonnoir, où le Nord diffère autant du Sud que Lille de Marseille, les kilomètres finistériens sont autant de lieues démultipliées où s'amoncèlent, heureux, d'autres lieux que ceux de ses deux féales dictatrices, comme une Terre entière aux deux pôles engoncés, une Terre torique en terres faées.
Plus loin, un peu plus à l'Ouest, vers le raz de Sein, il y a Pont-Croix, puis Audierne, Puis la baie des trépassés ouvrant son large bec, des pointes du Raz et du Van, pour manger l'île, puis l'Amérique, puis le monde entier.
Comme dans tout corps, toute extrémité est lieu de sensibilités et de saignements.
Le corps du vieux monde n'y échappe pas, et le Finistère en est le bout des doigts.